Chaque trimestre, Tesla met en avant des chiffres ventant la sécurité de ses véhicules en utilisant l’Autopilot. Mais en analysant plus en détail, les chiffres ne sont pas aussi exceptionnels que ce que l'on pourrait croire.
En moyenne au premier trimestre 2021, Tesla annonce avoir enregistré un accident en Autopilot tous les 6 750 000 kilomètres. À titre de comparaison, l’agence américaine chargée de la sécurité routière indique qu’il y a un accident tous les 780 000 kilomètres en voiture. Peut-on alors conclure que l’Autopilot est presque 9 fois plus sûr qu’un humain au volant ? Pas vraiment.
Si Tesla décide de comparer les kilomètres effectués en Autopilot à l’ensemble des kilomètres parcourus par toutes les voitures aux États-Unis, ce n’est pas sans raison. En effet, comme le montrent les chiffres, il y a une fréquence 9 fois plus élevée d’accidents sans Autopilot qu’avec, ceci est indéniable. Toutefois, la comparaison semble peu pertinente, tant les conditions d’utilisation de l’Autopilot sont particulières.
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En effet, il est probable que l’immense majorité des kilomètres enregistrés en Autopilot soient effectués sur autoroute, avec séparateur central, dans des conditions où le risque d’accident est beaucoup plus faible que la moyenne sur toutes les routes du pays. Il n’y a pas le moindre doute sur le fait que Tesla possède les chiffres de répartition des kilomètres en Autopilot selon le type de route empruntée, et le constructeur fait délibérément le choix de ne pas publier ces chiffres.
En 2019 par exemple, aux USA il y a eu 35 accidents mortels en Tesla équipées de l’Autopilot. Huit d’entre eux ont eu lieu sur des autoroutes, voies rapides ou rocades, qui sont des routes propices à l’utilisation de l’Autopilot. Les 27 autres accidents, représentant donc plus de 75 % des accidents mortels, étaient en ville ou sur le réseau secondaire, où la probabilité d’utiliser l’Autopilot est très faible.
Si ces chiffres sont une représentation de ce qu’il se passe pour le reste de la flotte de véhicules en circulation, on remarque alors que la probabilité d’accident sur le réseau secondaire est bien plus élevée que sur autoroute, où par exemple le risque de choc frontal est quasi nul.
Outre les routes sur lesquelles est utilisé l’Autopilot de Tesla, il faudrait prendre en compte l’âge et le prix des véhicules pour effectuer une comparaison équitable. Les Tesla sont des véhicules relativement chers, et très récents. Les données de l’agence américaine chargée de la sécurité routière pour 2019 indiquent que l’âge moyen au niveau national des véhicules en circulation est de 11,8 ans. En 2019, les Tesla qui étaient équipées de l’Autopilot n’avaient que 3 ans au maximum.
Il est alors aisé de comprendre le biais induit par la manière dont Tesla présente ses données : en comparant des véhicules chers, récents, et où l’utilisation de l’Autopilot est faite presque exclusivement sur autoroute avec des véhicules qui ont en moyenne plus de 10 ans et qui sont utilisés partout, le constructeur californien ne peut qu’être grand vainqueur sur le point de la sécurité.
On ne peut pour autant bien sûr pas conclure que l’Autopilot n’est pas aussi sûr que ce que Tesla souhaite nous faire croire, mais il convient de nuancer le propos. Le constructeur le sait, et libre à lui de publier davantage de données s’il souhaite prouver que même à comparaison égale, son système vaut mieux qu’un être humain au volant.
19/04/2021 09:35 AM
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