Évolution du Mavic Air 2 qui nous avait convaincu, le DJI Air 2S est quasi un Mavic 2 Pro miniaturisé. C’est un drone agile qui capture des photos de 20 mégapixels et des vidéos jusqu’en 5,4K avec un capteur dit 1 pouce. Voyons ce qu’il vaut.
Six semaines seulement après le DJI FPV, le rouleau compresseur DJI lance ce 15 avril le DJI Air 2S. Une fois de plus, le leader incontesté du drone rebat les cartes. En effet, l’Air 2S est en substance un Mavic 2 Pro miniaturisé, moins cher et moins règlementé.
DJI continue de démocratiser la qualité d’image et le « rendu cinéma » caractéristiques des capteurs dits 1 pouce. Initialement réservé à l’encombrant Phantom 4 Pro (1388 grammes, lancé en 2016 à partir de 1700 euros), ce type de capteur fut ensuite proposé sur le Mavic 2 Pro (907 grammes, lancé en 2018 à partir de 1500 euros), il descend encore d’un cran aujourd’hui. Le Air 2S est effectivement lancé à partir de 1000 euros et pèse 595 grammes.
Test réalisé avec un produit prêté par le fabricant. Photos et vidéos aériennes réalisées avec l’aimable autorisation du Domaine de Chantilly.
L’appareil entre donc dans la catégorie ouverte et, faute de marquage CE avec indication de classe (aucun drone n’en est pourvu à ce jour), dans la sous-catégorie A3 Limitée. Ainsi, son propriétaire doit s’inscrire sur le site officiel AlphaTango, suivre la formation en ligne Fox AlphaTango et réussir l’examen théorique, mais il est dispensé d’enregistrer et d’identifier son appareil, et dispensé de signalement électronique.
On peut présenter le DJI Air 2S comme un DJI Mavic 2 Pro miniaturisé, mais aussi comme un DJI Mavic Air 2 amélioré. Il reprend les lignes et la conception pliable de ce dernier, elles-mêmes héritées des Mavic 2 Zoom et Mavic 2 Pro. En plus d’un nouvel appareil photo et vidéo, il apporte des mises à jour des modes de vol « intelligents », ainsi qu’un nouveau capteur d’obstacle vers le haut, en plus de ceux vers le bas, l’avant et l’arrière. Les capteurs latéraux, gages de sérénité lors des mouvements latéraux, demeurent malheureusement réservés aux Mavic 2, mais nous y revenons plus loin.
Le Air 2S utilise les mêmes batteries de vol intelligentes de 40,42 Wh que le Mavic Air 2, mais son poids en hausse et son capteur plus gourmand abaissent son temps de vol maximal théorique de 34 à 31 minutes. En pratique, nous n’avons pas chronométré précisément, mais nous avons pu effectuer des vols de 20 à 25 minutes.
Suffisamment différent, le Air 2S complète le Mavic Air 2 au catalogue, du moins dans un premier temps. Il est vendu 1000 euros en bundle standard ou 1300 euros en bundle Fly More (que nous recommandons), contre respectivement 850 et 1050 euros pour le Mavic Air 2, soit 150 et 250 euros de plus.
Air 2S | Mavic Air 2 | Mavic 2 Pro | |
---|---|---|---|
Capteur | 1 pouce, 20 MP, 2,4 μm | 1/2 pouce, 48 MP, 0,8 μm | 1 pouce, 20 MP, 2,4 μm |
Définition vidéo max | 5,4K 30 i/s, 4K 60 i/s | 4K 60 i/s | 4K 30 i/s |
Objectif | Équiv. 22 mm f/2,8 | Équiv. 24 mm f/2,8 | Équiv. 28 mm f/2,8-11 |
Transmission | OcuSync 3.0 | OcuSync 2.0 | OcuSync 2.0 |
Temps de vol | 31 minutes | 34 minutes | 31 minutes |
Modes de vol | APAS 4.0 Hyperlapse Spotlight 2.0 Point d'intérêt 3.0 ActiveTrack 4.0 | APAS 3.0 Hyperlapse Spotlight 2.0 Point d'intérêt 3.0 ActiveTrack 3.0 | APAS Hyperlapse Spotlight Point d'intérêt 2.0 ActiveTrack 2.0 |
Capteurs d'obstacles | Avant, arrière, bas, haut | Avant, arrière, bas | Avant, arrière, bas, latéraux |
Poids | 595 grammes | 570 grammes | 907 grammes |
Si le DJI Air 2S est significativement plus petit et plus léger que le Mavic 2 Pro, sa radiocommande est plus lourde et plus grande que celle du « M2P », mais c’est tant mieux. Avec ses sticks amovibles, elle demeure assez compacte pour loger dans les grandes poches de certains manteaux, elle est plus confortable, et elle embarque deux batteries de 2600 mAh, ce qui lui permet d’alimenter le smartphone qu’on vient fixer dans son prolongement, à l’aide d’une pince escamotable intégrant les antennes. Après avoir vidé 3 batteries de vol, les 4 diodes témoignant de l’autonomie de la RC étaient toujours allumées.
À propos d’antennes, cette « RC » dérivée de celle du Mavic Air 2 inaugure une nouvelle version 3.0 de la technologie de transmission maison OcuSync. En Europe, DJI revendique une portée maximale de 8 km. La règlementation européenne impose de garder le drone à portée de vue, on peut donc difficilement l’envoyer à plus de 200 mètres, mais cette portée maximale garantit un retour vidéo quasi infaillible à courte portée. Lors de notre test aux quatre coins du domaine de Chantilly, nous n’avons pas constaté le moindre gel d’image ou le moindre artefact sur le retour vidéo, sauf très occasionnellement lorsque nous le perdions de vue brièvement en faisant le tour du château.
Un autre point distinctif entre les Mavic 2 et le Air 2S, c’est que ce dernier fonctionne avec l’application DJI Fly. Inaugurée par le Mavic Mini puis utilisée par le Mavic Air 2 et le Mini 2, c’est une version plus simple et plus lisible de l’application DJI GO 4 des Mavic 2. Certains réglages avancés comme les réglages des courbes d’« expo », connus des passionnés d’aéromodélisme, sont par exemple remplacés par 3 modes « Ciné », « Normal » et « Sport » qui font varier les vitesses maximales et dont on peut facilement personnaliser certains réglages. L’appli est d’autant moins intimidante, sans renoncer pour autant aux fonctions essentielles.
Malheureusement les réserves que nous avions relevées il y a 1 an pour le Mavic Air 2 n’ont pas été levées. La localisation française est parfois approximative (le mal du siècle) et de nombreux textes sont tronqués. L’interface de choix du mode de prise de vue mal conçue n’indique toujours pas qu’on peut faire défiler les bandeaux pour trouver les fonctions Hyperlapse, Pano ou Intervalle. Pire, les applications DJI reposent toujours sur une base de données maison des zones de vol, plutôt que sur celle de la DGAC par exemple, qui fait pourtant foi en France. DJI devrait toujours s’inspirer des applications FreeFlight de son concurrent Parrot.
Quoi qu’il en soit, des tutoriels en vidéo et des messages d’aide s’affichent les premières fois qu’on lance l’application ou qu’on utilise certaines fonctions, si bien qu’un profane peut apprendre à voler tout seul. L’appareil décolle automatiquement d’une pression sur un bouton à l’écran, puis on actionne le stick de gauche pour monter ou descendre et pivoter vers la gauche ou la droite, le stick de droite pour avancer ou reculer et se décaler vers la gauche ou la droite (Mode 2). Une molette sur l’épaule gauche de la radiocommande permet d’incliner la nacelle de bas en haut (de +25° à -90°).
Il est très facile de positionner l’appareil où on le souhaite dans l’espace pour réaliser des photos aériennes. En revanche il faut de l’entrainement avant de réussir de beaux mouvements de caméra fluides sur plusieurs axes (jusqu’à 5, donc !). Mais le DJI Air 2S propose toute une panoplie de modes de vol dits intelligents, qui automatisent tout ou partie des manœuvres pour tourner de jolis plans vidéo.
On retrouve pour commencer les habituels « QuickShots » Dronie, Fusée, Cercle et Spirale, aux noms assez explicites. Pour chacun d’eux, on sélectionne un sujet (une personne, une voiture, un bâtiment…), une distance ou un sens de rotation, puis le drone réalise automatiquement la manœuvre avant de revenir à son point de départ. On obtient des fichiers vidéo de quelques secondes prêts à être partagés sur les réseaux sociaux. Leur définition demeure limitée à 1920 x 1080 pixels. C’est suffisant pour les réseaux sociaux qui ne prennent pas en charge la 4K, mais on préfèrerait avoir le choix.
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Le DJI Air 2S ajoute la fonction « MasterShot ». Dans ce mode, le drone enchaine une succession de mouvements, dont des effets de zoom numérique convaincants, dans un périmètre paramétrable (largeur, longueur et hauteur). Il enregistre ainsi un plan d’environ 2 minutes, duquel il extrait automatiquement certains passages pour proposer un montage dynamique de 10 à 30 secondes à partager sur les réseaux sociaux. Plusieurs modèles sont proposés, avec de la musique en rythme. L’idée est géniale, mais on regrette que chaque MasterShot se concentre sur un seul moment, alors qu’il suffirait de pouvoir combiner plusieurs MasterShots, et pourquoi pas sélectionner les mouvements à effectuer, pour obtenir très facilement de super montages. L’application propose également des modèles de montages auxquels on ajoute les plans de son choix, mais ils ne tiennent pas compte des sous-plans d’un MasterShot. De plus, les MasterShots aussi sont limités à la Full HD.
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On retrouve aussi les fonctions Spotlight 2.0 et Point d’intérêt 3.0 du Mavic Air 2, avec lesquelles on peut sélectionner un sujet (une personne, une voiture, une moto, un bâtiment…), puis piloter le drone qui restera pointé sur lui, ou bien pivotera automatiquement autour. Combinées au mode Ciné, qui fluidifie les mouvements, ces deux fonctions permettent de faire assez facilement de jolis plans à partager tels quel ou à intégrer à de véritables montages. Dans le même ordre d’idée, on retrouve encore la fonction Hyperlapse, avec laquelle le drone enregistre automatiquement une vidéo accélérée (aussi appelée timelapse) tout en se déplaçant en cercle, en ligne droite ou en suivant des waypoints.
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Une nouvelle version 4.0 d’ActiveTrack permet quant à elle au drone de suivre automatiquement un sujet, tel qu’un randonneur, un cycliste, etc.
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Tous ces modes de vol intelligents souffrent malheureusement de l’absence de capteurs d’obstacles latéraux, dont les Mavic 2 sont pourvus, alors qu’ils font faire de nombreux mouvements latéraux à l’appareil. Dans certains cas le drone fait pivoter sa nacelle pour voler de biais, mais d’une part la détection est moins efficace, et d’autre part il arrive que l’hélice entre dans le champ. Il est malheureusement très difficile d’estimer à l’œil si tel obstacle sera dans la trajectoire de tel QuickShot ou MasterShot, il faut donc rester extrêmement vigilant et se tenir prêt à appuyer sur le bouton Pause de la radiocommande. Autrement c’est la chute. Cette fois le hasard ne nous a pas permis de tester la résistance des bras, qui semblent robustes, ou de la nacelle, visiblement plus fragile.
Reste la principale nouveauté du DJI Air 2S : son appareil photo et vidéo. Fixé comme d’habitude à une nacelle stabilisée sur 3 axes, la caméra embarque un « tout nouveau » capteur dit 1 pouce. S’il fait la même dimension (8 mm de diagonale) et la même définition (20 mégapixels au ratio 3:2), il est différent de celui labellisé Hasselblad du Mavic 2 Pro. L’objectif aussi est différent puisqu’on passe d’un équivalent 28 mm à ouverture variable f/2,8-11 à un 22 mm à ouverture fixe f/2,8.
À titre de comparaison, le Mavic Air 2 embarque un capteur au format 1/2 pouce de 48 mégapixels produisant des images 4:3 de 12 mégapixels, et un objectif équivalent 24 mm à ouverture fixe f/2,8 et à mise au point fixe. La surface du capteur du Air 2S est donc approximativement 4 fois plus grande que celle du capteur du Mavic Air 2, et celle de ses photocellules l’est 9 fois plus (2,4 μm contre 0,8).
Si la qualité d’image du Mavic Air 2 était digne de certains smartphones haut de gamme du moment, celle du Air 2S est plusieurs crans au dessus et vaut, en toute logique, celle d’appareils photo compacts haut de gamme comme les Sony RX100. On profite en effet de ce compromis intéressant entre les images mouchetées, même en plein jour et même à grands renforts de photo « computationnelle », des petits capteurs de smartphones, et les images quasi irréprochables des grands capteurs d’appareils photo reflex ou hybrides.
Concrètement, sur des photos RAW DNG vues à 100 %, on perçoit un bruit fin, dès la sensibilité minimale de 100 ISO, mais il est imperceptible en plein écran et le niveau de détail est élevé. On regrette d’ailleurs que DJI applique un renforcement de la netteté si prononcé, et malheureusement pas réglable, à ses fichiers JPEG. Les RAW offrent en outre une grande marge de manœuvre sur la récupération des hautes lumières et des ombres, tel que sur les nuages ou les ombres des cheminées. Ce travail est fait automatiquement et efficacement en JPEG avec le mode SmartPhoto, qui produit des images au rendu naturel et que nous conseillons.
La nacelle stabilisatrice permet d’utiliser des vitesses d’obturation de l’ordre de 1/10 s et de maintenir des sensibilités faibles jusqu’à 30 minutes après le coucher du soleil, l’heure limite selon la règlementation.
15/04/2021 01:00 PM
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