Depuis des années, les propriétaires de Tesla remontent des problèmes non résolus, que ce soient des soucis logiciels ou de communication. Si les véhicules de la marque continuent de se vendre comme des petits pains, il nous paraît tout de même important de mettre le doigt sur ce qui ne va pas.
Souvent décriés comme étant des adorateurs de la marque, les propriétaires d’une Tesla ont constaté depuis plusieurs années des points négatifs qui ne sont pas anodins. Tour d’horizon des principaux éléments qui restent encore à améliorer pour la firme californienne.
Tesla n’est pas réputé pour avoir une qualité de fabrication excellente, loin de là. Depuis des années maintenant, les communautés d’acheteurs s’organisent et proposent même des « check lists » pour inspecter leur nouvelle voiture payée plus de 100 000 euros parfois. Que ce soit des défauts grossiers d’alignement de carrosserie, des griffures de sièges ou des jantes abimées, beaucoup de livraisons s’accompagnent d’une mauvaise découverte sur la qualité du produit fini.
Quelques sondages auprès de clients Tesla sur des forums spécialisés montrent qu’une grosse majorité d’entre eux a rencontré une ou deux anomalies à corriger au moment de la livraison. Cela n’empêche absolument pas Tesla de continuer de vendre des véhicules, sans doute même encore plus qu’avant. Mais rencontrer des propriétaires désabusés face à l’état dans lequel Tesla livre leur nouvelle Model 3 est encore chose fréquente en 2021.
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Le principal problème, que veut heureusement bien comprendre l’immense majorité des clients, est que les centres Tesla sont débordés par l’afflux de livraisons à certaines périodes. Si vous ne le savez pas, Tesla fabrique en début de chaque trimestre aux USA des véhicules destinés à l’Europe, qui sont ensuite acheminés par bateau et arrivent sur le Vieux continent à la fin du trimestre.
Ainsi, pour le premier trimestre d’une année par exemple, la fabrication des voitures pour le marché français est lancée en janvier, son transport en bateau en février et les livraisons dans le courant du mois de mars. Certains gros jours de livraison, des centres Tesla ont plus de 100 véhicules à livrer en moins de 10 heures.
Certaines concessions sont donc faites quant à la préparation des véhicules, et les corrections finales qui devraient avoir lieu en amont sont laissées telles quelles, au grand dam du client. En faisant le tour du véhicule, si certains défauts sont remontés par le nouveau propriétaire, Tesla prend note et planifiera un rendez-vous pour solutionner le problème.
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Attention : certains clients réalisent une vérification trop rapide de leur voiture, partent avec, et ne se rendent compte des défauts que le lendemain. Il est alors souvent trop tard pour que Tesla prenne en compte ce qui est signalé, estimant que le client a pu lui-même causer ces défauts depuis qu’il a réceptionné le véhicule.
Si le patron de la firme californienne, Elon Musk, manie les réseaux sociaux avec brio, la communication entre Tesla et ses clients est unanimement reconnue comme catastrophique. Que l’on cherche sur Reddit ou des forums spécialisés, tous les concernés sont d’accord pour souligner le fait que Tesla ne considère absolument pas ses clients comme il le faudrait, et que l’absence de communication correcte est inadmissible.
Beaucoup d’exemples récents et très concrets sont édifiants. À titre d’exemple, la livraison d’une Tesla au client signe, quasi systématiquement, la fin de toute communication possible avec les équipes commerciales. Tesla applique une politique commerciale particulière dans le milieu de l’automobile, et loge les clients à la même enseigne sans faire de cas particulier.
C’est le cas depuis le début, avec le célèbre exemple selon lequel « même la mère d’Elon Musk n’a pas de traitement de faveur ». C’est certes vrai dans l’immense majorité des cas, mais depuis quelque temps, des précédents montrent que cet adage n’est plus tout à fait une règle.
Grosse journée pour Tesla aujourd'hui avec toutes ces installations de superchargeur avant l'année prochaine pic.twitter.com/Ft0Ntb3Wvi
— Bob Jouy (@bobjouy) December 31, 2020
Le manque de communication de Tesla se fait aussi ressentir dans ses plannings prévisionnels de déploiement de Superchargeurs. Certains sites en France étant annoncés depuis 2017 comme allant ouvrir « cette année », des propriétaires attendent avec impatience la disponibilité de ces points de recharge près de chez eux, et finissent par ne plus croire aux promesses du constructeur.
Si des clients de la marque s’amusent du fameux « Elon Time » pour signifier qu’une promesse faite par Elon Musk sera nécessairement retardée, beaucoup sont agacés et ne font plus du tout confiance à la marque lorsqu’elle annonce une fonctionnalité prochaine. Les exemples récents sur l’arrivée de la conduite autonome — une promesse d’Elon Musk — sont encore difficile à croire pour bon nombre de conducteurs de Tesla.
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Enfin, et c’est sans doute le plus gros point négatif de cette communication singulière dont fait preuve Tesla, il est quasiment impossible de savoir ce à quoi s’attendre lorsque l’on achète une voiture Tesla. Depuis quelques mois maintenant, les Tesla Model 3 sont équipées de plusieurs packs de batterie différents.
Des batteries Lithium-Fer-Phosphate ont fait leur apparition sur des versions Autonomie Standard Plus en fin d’année 2020 en France, alors que jusqu’à présent, elles étaient réservées au marché chinois. Ceux et celles qui ont passé commande à cette période ont reçu une voiture avec une batterie qui n’avait pas du tout les mêmes propriétés que ce à quoi ils s’attendaient.
De même, sur les modèles 2021 de la version Grande Autonomie, deux packs de batterie différents existent, sans que Tesla ne le mentionne nulle part. L’un est fabriqué par Panasonic, l’autre par LG. Et encore une fois lors de la commande, il n’existe aucun moyen de connaître les types de composants qui équiperont la voiture.
Cela n’aurait pas d’importance si le comportement des batteries était le même, mais il n’en est rien. L’une a de meilleures performances par temps froid, l’autre va charger plus vite et aura plus de capacité. Si Tesla permettait de laisser le choix au moment de la commande, nul doute que les clients, selon leurs habitudes, auraient un intérêt à choisir une configuration plutôt qu’une autre.
Tesla ne s’est jamais gêné pour modifier ses tarifs dans un sens comme dans l’autre sans avertir personne. Début 2019, avant l’arrivée des Tesla Model 3 en Europe, un ajustement des prix pratiqués sur les Model S et Model X de la marque en a fait pâlir beaucoup.
Du jour au lendemain, des Model S P100D vendues 150 000 euros ont vu leur ticket d’entrée chuter sous les 100 000 euros. De quoi faire réfléchir à deux fois ceux qui hésitaient à franchir le pas avec la promesse de voitures qui décotent bien moins que leurs homologues thermiques haut de gamme.
Plus récemment, Tesla a modifié en France les tarifs des Model 3, avec un effet accentué par le bonus écologique de 7 000 euros disponible pour la version Autonomie Standard Plus. Ainsi, au lendemain du 20 janvier 2021, ceux qui avaient été livrés avant ce jour avaient payé parfois jusqu’à 11 000 euros de plus pour la même configuration.
Souhaitant faire entendre leur colère, quelques centaines d’acheteurs mécontents ont tenté de contacter le siège français de la marque, qui ne leur a rien promis pour autant.
Toutefois, Tesla a décidé d’offrir aux acheteurs d’une Model 3 commandée entre le 20 décembre 2020 et le 20 janvier 2021, soit trois années de Supercharge gratuite, soit l’option « Autopilot Amélioré » à 3 800 euros. Une faible consolation pour la plupart des propriétaires qui se sont sentis lésés, même après ce geste commercial.
Cette action du constructeur, couplée à une communication qui laisse à désirer, a même eu un effet pervers : les acheteurs exclus de la fenêtre du geste commercial (par exemple ceux qui avaient acheté une Tesla quelques jours avant le 20 décembre) avaient le sentiment d’être encore plus perdants dans cette opération.
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Bien entendu, les promotions et autres remises sont monnaie courante dans l’automobile, mais Tesla bouscule les codes et ne fait pas que des heureux avec un système uniquement basé sur l’achat en ligne, où les tarifs sont totalement transparents. Le point positif de ce yoyo tarifaire, c’est qu’en cas de baisse avant votre livraison, Tesla vous fera payer les nouveaux tarifs plus bas que ceux qui étaient stipulés sur votre contrat de commande.
Outre les tarifs des véhicules, Tesla contrôle bien évidemment le prix de son réseau de Superchargeurs. Pendant quelques années, les Tesla Model S et Model X bénéficiaient de la Supercharge gratuite à vie, rendant ce privilège comme un non-sujet pour de nombreux propriétaires. Peu importe les prix affichés, ce qu’il y aurait à payer en utilisant le réseau serait nul. Toutefois, depuis l’arrivée des Tesla Model 3, la donne a bien changé.
La Supercharge gratuite à vie n’est plus proposée par Tesla depuis maintenant 2 ans environ sur les modèles neufs, et ne l’a jamais été sur les Model 3 en Europe. Ainsi, lors des premières commandes à la fin de l’année 2018, le kWh en Supercharge en France était facturé 20 centimes d’euro. Cela permettait de prévoir un coût de Supercharge typique autour de 10 euros pour rajouter 50 kWh, et ainsi avoir un tarif d’environ 4 euros pour 100 kilomètres d’autoroute.
Quelques semaines avant les livraisons des premières Model 3, Tesla a discrètement passé le tarif à 27 centimes d’euro le kWh, soit une augmentation de 35 %. Face à la colère des futurs clients, les tarifs sont revenus à 24 centimes le kWh le lendemain, ce qui constituait la première hausse depuis très longtemps pour les Superchargeurs.
Aux premières livraisons de Model 3 en France donc, il fallait compter 24 centimes le kWh. En début d’année 2020, une nouvelle hausse est arrivée, pour grimper à 30 centimes le kWh, soit 50 % de plus que lors des premières commandes en fin d’année 2018.
Enfin, en janvier 2021, Tesla a encore modifié ses tarifs : 37 centimes d’euros par kWh. Cela fait une augmentation de 85 % en deux ans. Si l’immense majorité des possesseurs d’une Tesla rechargent d’abord à domicile ou au travail, le réseau de Superchargeurs est un avantage indéniable de la marque face à la concurrence.
Le fait est que le total contrôle des tarifs pratiqués dans le réseau propriétaire et les hausses répétées peuvent entacher la confiance des clients envers Tesla, dont la capacité à tenir les promesses de coût réduit par rapport aux simulations faites lors de la commande peut être biaisée.
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De la même manière que lorsque l’on change de fournisseur d’énergie à domicile, où des tarifs sont souvent garantis pendant une certaine période, Tesla pourrait s’inspirer de ce modèle et proposer lui aussi un tarif garanti en Supercharge, rassurant ainsi les acheteurs qui souhaitent être certains des coûts à anticiper.
Même si Tesla clame haut et fort que le réseau de Superchargeurs n’a pas vocation à être une source de profit pour la marque, de la transparence vis-à-vis des tarifs qui augmentent serait la bienvenue. Il n’est pas compliqué pour Tesla de faire une communication sur le sujet envers les propriétaires, en expliquant que les hausses permettront de financer et développer le réseau pour une meilleure couverture du territoire et des stations plus nombreuses.
Aujourd’hui, toutes les Tesla vendues possèdent de série l’Autopilot, qui associe un maintien de cap à un régulateur de vitesse adaptatif, permettant une conduite semi-autonome dans de nombreux cas de figure. D’autres options d’assistance à la conduite sont disponibles moyennant finance : l’« Autopilot Amélioré » et la « Capacité de conduite entièrement autonome ».
La dernière option donne envie, et peut laisser penser que le véhicule sera, effectivement, en capacité de conduire en toute autonomie. Il n’en est rien, et cette option ne constitue en réalité qu’un paiement pour éventuellement atteindre ce niveau d’autonomie un jour, quand les régulations le permettront, mais surtout quand Tesla y parviendra.
Depuis maintenant plus de 4 ans, Tesla propose cette option de conduite autonome avec la promesse de la disponibilité de l’ensemble des fonctionnalités « très prochainement ». On se souviendra de la promesse d’Elon Musk, celle de traversée les USA en toute autonomie dans des conditions de test dès la fin de l’année 2017, puis de la possibilité pour tous les possesseurs de Tesla de le faire eux-mêmes en 2018, ou encore l’arrivée d’une flotte de Robotaxis en 2020 qui pourront vous transporter en Tesla partout sur Terre, ou presque.
Faisant partie des personnes ayant payé en 2019 l’option « Capacité de conduite entièrement autonome », je ne m’attendais bien entendu pas à pouvoir dormir à l’arrière de la voiture et me réveiller quelques heures plus tard à destination. Toutefois, dans les options d’ores et déjà disponibles aujourd’hui, un panel de fonctionnalités intéressantes sur le papier existe. Parmi elles, la « sortie auto améliorée » présentée sur le site Tesla France.
Le problème de cette fonctionnalité, c’est qu’elle n’est pas disponible telle Tesla la décrit : il est aujourd’hui impossible en Europe de demander à votre Tesla de venir vous chercher à la sortie d’un magasin si elle est garée sur une place de parking. Aux USA, cette fonction est activée et disponible. Mais en Europe, les régulations ne le permettent pas.
Le problème ne viendrait donc pas de Tesla, mais plutôt des régulateurs. Pas vraiment. La firme d’Elon Musk choisit très bien la manière dont elle communique et met en avant ses fonctionnalités d’assistance à la conduite, de manière à donner envie aux éventuels clients. Mais l’entreprise met surtout en exergue des mises en scène éloignées de la réalité.
Pour beaucoup de clients Tesla, la réalité du terrain est la suivante : l’Autopilot est encore très perfectible, même dans ses fonctions les plus basiques comme le régulateur de vitesse dynamique. Tesla choisit une approche basée sur l’utilisation de caméras plutôt que de radars, même si ces derniers sont encore présents sur les véhicules.
Résultat : dans de nombreuses circonstances, les fonctionnalités d’assistance à la conduite sont indisponibles, parfois de manière incompréhensible pour le conducteur. De la buée dans le logement de la caméra sur le pare-brise, ou parfois même un soleil rasant font que le conducteur doit reprendre le contrôle du véhicule, le tout accompagné d’alertes sonores tout sauf rassurantes pour les passagers.
Un autre phénomène connu de la majorité des clients Tesla a même obtenu son propre nom : les freinages fantômes (phantom braking en anglais).
Cette désagréable expérience se résume ainsi : vous roulez en Autopilot sur une autoroute à une allure 130 km/h, et subitement, la voiture freine. Aucun moyen de prévenir cette situation à première vue, et aucun moyen non plus de savoir ce qui a poussé le système à vouloir freiner. Il n’y a pas d’obstacle, pas de véhicule autour de vous, rien.
C’est malheureusement encore trop commun sur des grands trajets, à tel point que quelques utilisateurs se refusent à utiliser l’Autopilot après avoir eu quelques frayeurs avec des freinages fantômes.
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