Le célèbre constructeur de drone DJI a de nouveau frappé un grand coup en lançant le FPV, le premier drone “vue à la première personne” prêt à l’emploi et destiné aux débutants. Ce drone est-il fait pour vous ? Réponse dans notre test complet.
DJI ne se contente plus de peaufiner ses gammes de drones grand public et s’attaque désormais à un nouveau marché en lançant le FPV. Comme son nom le laisse entendre (First Person View), ce drone a la particularité de se piloter en portant un masque devant les yeux. Le but : profiter d’une expérience de vol immersive pour créer des plans dynamiques, voire renversants. Ces drones sont traditionnellement réservés à des pilotes experts, qui bricolent eux-mêmes leur engin avec différentes pièces et y collent souvent une GoPro en guise de caméra embarquée. Bref, cette pratique demande un long apprentissage, que cela soit au niveau du montage ou du pilotage. C’est bien là le coup de génie de DJI qui propose un drone FPV tout-en-un avec caméra intégrée, radiocommande, casque et surtout avec des assistances pour les débutants. Nous disions quelques lignes plus haut que DJI s’attaque à un nouveau marché, mais il serait plus juste de parler de création d’un marché tant ce nouveau drone est le premier de son genre à faire son apparition sur les étals.
Bref, DJI veut démocratiser les drones FPV, ou du moins en faciliter l’accès puisqu’il faut tout de même débourser un minimum de 1 350 euros pour profiter de ce nouveau joujou. Le DJI FPV est censé accompagner les néophytes dans leur apprentissage grâce à trois modes de vol ; mais est-ce vraiment raisonnable de mettre entre les mains de débutants un engin pouvant frôler les 140 km/h ? Nous avons fait voler le DJI FPV pendant plusieurs heures et voici notre test et avis complet. Notez que cet article est avant tout pensé pour les néophytes du FPV, ayant moi-même découvert cet univers à l’occasion. Les pilotes experts savent déjà sûrement si ce drone est fait pour eux, mais que cela ne les empêche pas de lire notre article.
Vous n’êtes pas sans savoir que les drones de loisir sont soumis à une réglementation très stricte en Europe et en France. Le DJI FPV n’échappe logiquement pas à la règle et, sans rentrer dans les détails, sa masse tout juste inférieure à 800 grammes lui impose des mesures somme toute habituelles depuis la nouvelle réglementation du 1er janvier 2021 : limitation de la hauteur de vol à 120 mètres, interdiction de voler de nuit, de survoler des personnes, des lieux privés ou tout autre site sensible — faut-il encore préciser que le vol en agglomération est interdit ? Il ne faudra pas oublier de s’enregistrer en tant qu’exploitant d’UAS (sur AlphaTango) et d’apposer son numéro d’exploitant sur son DJI FPV, à l’aide d’une étiquette par exemple.
Pour aller plus loin
Carte : où peut-on faire voler son drone en France ?
Dernier détail, mais pas des moindres : à moins de ne pas utiliser le casque, il est interdit de piloter son DJI FPV en étant seul, car la réglementation impose de garder son drone à vue d’œil en permanence. Comprenez que cela ne sera jamais le cas puisqu’avec le casque, le pilote regarde le retour du drone, mais pas le drone en lui-même. C’est pour cela qu’il faut être accompagné d’un observateur, qui sera donc chargé de garder le drone dans son champ de vision. Au-delà de rester dans la légalité, le fait de piloter avec un observateur est rassurant, surtout pour les débutants.
Cette première partie porte sur le design et le fonctionnement des différents éléments nécessaires pour piloter le DJI FPV, à savoir la radiocommande, le casque et… le drone. Avant de plonger dans les détails, sachez que ces trois éléments sont déjà tous appairés avant l’envoi du colis. La mise en route est donc on ne peut plus simple puisqu’il suffit d’allumer les trois appareils et d’attendre quelques secondes. N’oubliez pas de patienter une vingtaine de secondes supplémentaires pour établir une connexion avec un maximum de satellites — environ 20 dans de bonnes conditions.
Nuançons toute cette simplicité de mise en route en expliquant l’étape de connexion à l’application, qui est nécessaire au premier vol pour activer l’appareil et pour mettre à jour les éléments, y compris la batterie. L’application DJI Fly est disponible sur l’App Store, mais vous ne la trouverez pas sur le Play Store puisqu’il faut passer par un APK — officiel, précisons-le. Sur les deux plateformes, le drone FPV n’est pas proposé dans l’application lorsqu’on clique sur “Connecter un appareil”. Seuls le Mavic Air 2, Air 2S, Mavic Mini et Mini 2 le sont. L’utilisateur qui n’a jamais utilisé de tels produits auparavant ne comprendra pas la démarche à suivre puisque la notice indique clairement d’utiliser l’application DJI Fly. En fait, il faut allumer le drone, la radiocommande et le casque, puis brancher le casque à son téléphone pour que l’application reconnaisse magiquement le FPV et débloque alors l’interface qui lui est dédiée. La manipulation n’est pas forcément compliquée, mais il faut fouiller le manuel : l’information n’est pas mise en avant et les néophytes perdront sûrement patience. Une petite épopée pour un pur débutant !
Notez que les mises à jour sont indispensables avant le premier vol et prennent plusieurs dizaines de minutes si tout se déroule sans échec. Il est donc conseillé de bien charger la batterie du drone avant de lancer le processus. L’application n’est plus utile une fois les mises à jour réalisées puisque le drone se pilote et se paramètre uniquement en passant par le casque.
Le design du DJI FPV ne laisse pas indifférent et a d’ailleurs beaucoup fait réagir lors de sa sortie. On pourrait se contenter de l’adjectif “futuriste” pour le définir, mais essayons d’aller un peu plus loin. Mes proches qui n’avaient jamais vraiment vu de drone auparavant vous diront qu’il “fait peur” et je dois bien avouer qu’il a un petit côté alien. Une fois inspecté de plus près, le FPV a finalement une gentille tête et si certains comparent sa forme arrondie à une cafetière Nespresso, nous penchons de notre côté pour un front de béluga. Le capot est légèrement transparent et permet alors d’apercevoir les composants électroniques du drone, qui est d’ailleurs proposé en un unique coloris noir. Le côté “agressif” du drone est confirmé par le son qu’il émet à l’allumage : on a droit à une espèce de court, mais puissant jingle métallique en plus des clignotements des LEDs. C’est la petite touche DJI.
Le design futuriste du DJI FPV // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
Chacun des quatre moteurs est sans surprise positionné en bout de bras, qui ne sont d’ailleurs pas repliables. Eh oui, nous sommes bien face à un drone FPV et pas à un drone classique. Le transport ne sera donc pas facilité. Au-delà de cet aspect pratique, nous sommes en droit de nous interroger sur la solidité relative de ces bras en plastique puisque les drones FPV terminent souvent au sol ou dans un arbre — suite à des tentatives de prises de vue ou mouvements risqués. Les drones FPV traditionnels sont pensés pour les chutes : ils sont facilement réparables et sont souvent composés d’un châssis en carbone, contre du plastique pour le DJI FPV. Surtout, la boutique en ligne DJI ne semble pas vendre de bras en pièces détachées, mais seulement les trains d’atterrissage et la nacelle-caméra. Nous n’avons pas tenté de collision mur-drone avec notre exemplaire de test pour vous faire un retour sur l’expérience de réparation avec le service DJI, mais vous voilà avertis. Attention, nous n’avons rien à reprocher sur la qualité de fabrication proposée par la marque : les finitions sont impeccables et on sent que tout a été monté aux petits oignons. Il faut vraiment se pencher et regarder à l’intérieur de l’emplacement de la batterie pour voir de chaque côté les deux seuls câbles apparents, qui sont très bien intégrés et qui confirment le soin apporté par DJI à la conception de son premier drone FPV.
Les bras du drone et l’emplacement de la batterie // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
Chaque bras et chaque moteur possède une LED à l’arrière (sous forme de fine bande pour les bras) et les deux trains d’atterrissage en ont également une à l’avant. Au-delà d’améliorer la visibilité du drone dans les airs, toutes ces LEDs ont un certain côté esthétique. Ce dernier est sûrement voulu par la marque puisqu’il est possible de déterminer les couleurs des LEDs dans les paramètres. Nous avons sobrement choisi le mode arc-en-ciel. Les antennes sont intégrées aux deux trains d’atterrissage situés à l’avant du drone et c’est sur une partie de la batterie que se repose l’arrière du drone. Malin.
Les différentes LEDs et trains d’atterrissage // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
La batterie est amovible et s’insère grâce à une glissière. Il faut s’assurer, après l’avoir poussé jusqu’au bout pour entendre le “clac” de sécurité, de bien verrouiller sa position en connectant le port d’alimentation. Ce dernier joue donc deux rôles. C’est très bien pensé, l’installation est facile et surtout rassurante : impossible d’avoir des doutes sur la fixation de la batterie avant de faire décoller le drone. Notons que la masse de la batterie joue pour beaucoup dans celle du drone. Comptez environ 507 grammes pour le drone nu et quasiment 793 grammes une fois la batterie installée.
Zoom sur la batterie du DJI FPV // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
Les hélices s’installent et se désinstallent facilement grâce à un système quick-release : il suffit de tenir le moteur et de faire pression sur le centre de l’hélice tout en la faisant pivoter pour la verrouiller. Il faut tout de même faire attention au sens de rotation, c’est-à-dire qu’il faut fixer les bonnes hélices sur les bons moteurs. DJI facilite la tâche à l’aide d’un détrompeur : les deux hélices avec des repères rouges doivent logiquement être fixées sur les deux moteurs avec les mêmes repères de couleurs. Les deux autres hélices et moteurs n’ont pas de marquage.
Nous réservons la prochaine partie de ce test à la caméra intégrée, mais sachez tout de même qu’elle repose sur une nacelle stabilisée sur un axe et qu’elle est capable d’enregistrer des vidéos jusqu’en 4K à 60 images par seconde. La protection en plastique de la caméra est utile, mais mal pensée puisqu’on a l’impression de la casser chaque fois qu’on la retire.
Le port USB-C et l’emplacement microSD sont cachés derrière une petite trappe située à l’avant du drone, sous la nacelle. La manipulation pour insérer ou retirer une carte micro SD n’est pas agréable : il faut bien penser à tirer sur l’attache de la trappe pour avoir un accès facilité. Notez que le port USB-C sert uniquement à transférer les vidéos et photos entre le drone et un ordinateur, tablette ou smartphone.
Terminons ce tour du propriétaire par les capteurs proposés par le DJI FPV. Sous l’appareil, on compte un système optique et de détection infrarouge pour aider le drone à se localiser dans l’espace et à se stabiliser. On remarque également la présence d’un feu auxiliaire inférieur, qui vient améliorer la visibilité du système optique inférieur lorsque les conditions lumineuses sont mauvaises. Dans les faits, cet élément se révèle très pratique pour éclairer la zone d’atterrissage après avoir filmé un coucher de soleil. Le drone embarque également un système optique avant, c’est-à-dire un détecteur d’obstacles. Nous verrons un peu plus loin dans ce test qu’il ne se comporte pas tout à fait comme ceux des autres drones de la marque.
Enfin, le DJI FPV est assez bruyant, surtout lorsqu’il dépasse les 70 km/h. En vol stationnaire, voilà les mesures approximatives que nous avons relevées :
Le drone se fait particulièrement entendre lors des freinages d’urgence. Bref, vous ne serez pas aussi discret qu’avec un autre drone de la marque.
La radiocommande du DJI FPV est différente de celles des autres drones de la marque. La ressemblance avec une manette de console de jeux est frappante. La prise en main est très agréable et tous les boutons tombent parfaitement sous les doigts. Il faut tout de même quelques heures de vol pour ne pas se mélanger les pinceaux, surtout au niveau des index qui ont chacun accès à trois éléments. L’index gauche peut gérer la mise en pause du vol (ou le RTH), l’inclinaison de la caméra, et peut surtout basculer entre les modes de vol. L’index droit a quant à lui accès au bouton pour lancer l’enregistrement d’une vidéo, au bouton Start/Stop (dont la fonction déclenchée dépend du mode de vol), et d’un bouton personnalisable. Ce dernier a trois positions et nous avons décidé de ne pas les personnaliser et de laisser les commandes par défaut, à savoir le basculement entre trois positions de la nacelle — bas, milieu et haut. On retrouve l’antenne en lieu et place de l’habituel support téléphone.
La radiocommande du DJI FPV // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid
La face avant comporte quant à elle le bouton d’alimentation, un deuxième bouton personnalisable, les LEDs de niveau de batterie et bien évidemment les deux joysticks. Certains pilotes FPV trouvent ces joysticks trop petits par rapport à leurs radiocommandes habituelles et soulignent par conséquent un pilotage plus compliqué et surtout moins précis. Il nous est impossible de vous donner un avis sur ce point, n’ayant jamais piloté de drone FPV avant. Les joysticks sont d’ailleurs dévissables et DJI a comme à son habitude pensé à un emplacement de rangement directement creusé dans la radiocommande. C’est très pratique pour ne pas les perdre. Pour ceux qui se demandent, dévisser les joysticks facilite le rangement de la manette dans un sac par exemple.
La manette se recharge via un port USB-C. Notons pour finir la présence d’une attache au centre de la manette qui permet, grâce à un cordon (non livré avec le drone), de la laisser pendre à son cou pour avoir les mains libres.
Le casque est l’une — si ce n’est la — particularité phare d’un drone FPV : il offre au pilote une vue immersive et donc un pilotage bien plus précis. Comprenez qu’avec un drone classique, il est compliqué d’évaluer à vue d’œil (ou avec le retour sur téléphone) la distance entre le drone et un obstacle. Concrètement, une fois le masque posé devant les yeux, l’utilisateur devient en quelque sorte le drone, en tout cas ses yeux.
Notez que le pilote peut évidemment à tout moment retirer le masque pour faire atterrir le drone par exemple. À ce sujet, sachez que le masque ne tient pas sur le front et retombe trop facilement sur le nez. Ce n’est pas pratique et fait surtout risquer à l’utilisateur une erreur de pilotage.
18/04/2021 06:00 PM
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